Page:Agoult - Histoire de la révolution de 1848, tome 2.djvu/417

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
413
DE LA RÉVOLUTION DE 1848.

surrection est refoulée et concentrée sur un point ; selon d’autres, elle avance et menace à la fois l’Hôtel de Ville et l’Assemblée. M. Senard vient mettre fin à ces doutes. D’un ton grave, il lit un rapport d’après lequel les insurgés étendraient leurs moyens d’action : « Il est impossible, dit M. Senard, d’opérer une solution prompte, à moins d’une lutte énergique. Il faut que l’Assemblée réponde à l’admirable dévouement de l’armée et de la garde nationale. » Alors il propose un décret par lequel l’Assemblée adopte, au nom de la République, les veuves et les enfants des citoyens morts pour la patrie. Il donne des nouvelles des représentants Bixio et Dornès, des généraux Bedeau et Clément Thomas. L’affliction et l’anxiété sont sur tous les visages ; la séance est encore une fois suspendue.

Pendant cette suspension, une décision de la plus grande gravité est prise.

On se rappelle que, depuis quelque temps, le parti des républicains modérés voulait remplacer la commission exécutive par un chef unique du pouvoir exécutif.

Le 22 juin, trente ou quarante membres de la réunion du Palais-National, voyant l’imminence de l’insurrection, avaient délibéré sur le choix qu’il conviendrait de faire en des circonstances si difficiles. Les noms de MM. Dupont (de l’Eure), Arago, Lamartine, et même celui de M. Ledru-Rollin, ayant été successivement proposés et écartés, on se prononça pour le général Cavaignac et l’on décida que trois membres de la réunion, MM. Landrin, Ducoux, Latrade, se rendraient auprès de lui, afin de sonder ses dispositions et de s’assurer qu’il accepterait le pouvoir, dans le cas où l’Assemblée renverserait la commission exécutive.

Dans le même temps, la réunion de la rue de Poitiers, composée exclusivement, à l’origine, de nouveaux parlementaires qui affectaient de n’appartenir à aucun autre parti qu’à celui qu’ils appelaient le parti de l’ordre, mais qui, en admettant tout récemment MM. Thiers et Berryer, avait