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Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/14

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LES PIEDS FOURCHUS

Et maintenant supposons le rideau levé.

La famille est à table se disposant au repas ; l’Oncle Jerry est plongé dans un vaste fauteuil en cuir ; un bol plein de lait et de rôties de pain noir grillé est devant lui ; sur un réchaud bouillonne une grande mesure de cidre ; un plat de pommes cuites complète la symétrie du service. À côté du Brigadier est un immense échiquier garni de ses pions, comme si un partenaire était attendu. Et en effet il ne craignait personne au « noble jeu, » dans tout le voisinage on savait bien que l’honorable « squire » n’avait pas encore trouvé son homme.

Autour de la cheminée qu’illumine un feu pétillant, sont rangés des bancs en bois, des blocs en troncs d’arbres servant de tabourets aux enfants, et une armée d’ustensiles de ménage.

Au coin du foyer est assis un grand jeune homme, au visage pâle et sérieux, aux longs cheveux, boutonné jusqu’au cou comme un prédicateur méthodiste ; il est tellement absorbé dans la contemplation d’une ardoise toute griffonnée et d’un gros livre, qu’il reste complément étranger à la conversation.

Un peu plus loin de l’âtre est une jeune femme