Aller au contenu

Page:Aimard, Auriac - Les Pieds fourchus.djvu/99

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

98
LES DRAMES DU NOUVEAU-MONDE

le moose en prendra l’alarme. Bon ! voilà encore ! on va vous museler, mauvaise race ! sans quoi vous ne ferez que des sottises.

— Comme vos yeux brillent, master Burleigh ! dit tout à coup Luther après un long silence.

— Là ! là ! doucement dit le Brigadier ; la jeunesse doit apprendre à tenir sa langue muette… elle fera bien de commencer ce soir.

— D’autant mieux, répliqua Burleigh, que le simple bruit d’une branche rompue fait souvent fuir le moose à vingt ou trente milles tout d’une traite : çà a l’oreille si fine ! Les Indiens, qui l’appellent « Aptaptou, » prétendent qu’il entend l’herbe croître et les étoiles marcher.

— Voici une expédition magnifique, et un beau temps. Ira, hein ?

— Mieux que çà, incomparable si nous pouvons marcher en raquettes comme je l’espère… Oui, le vent a changé, l’air se radoucit.

— C’est bien ce qu’il nous fallait, reprit joyeusement le Brigadier en se frottant les mains. Où sommes nous, à peu près ? demanda-t-il à Bob Frazier.

Celui-ci roula des yeux inquiets autour de lui, regarda tour à tour les collines et les vallées,