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Page:Aimard - Le forestier.djvu/120

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Le Forestier

— C’est ce que nous allons voir, reprit-il avec rage en criant de nouveau. On ne vous veut pas de mal, reprit la voix, qui malgré lui le faisait tressaillir, car il croyait la reconnaitre ; vous êtes en notre pouvoir ; rien ne nous serait plus facile que de vous égorger, si nous en avions l’intention.

— C’est vrai, grommela-t-il avec conviction, maudit soit le démon qui m’a poussé dans cette demeure

Un rire cristallin loi répondit.

— Raillez, raillez, reprit-il d’un ton bourru, vous êtes les plus forts. Vous le reconnaissez ?

— Pardieu ! je le sens assez, vos ongles et vos doigts m’entrent dans les chairs.

— Gaston, reprit doucement la voix, donnez votre parole de gentilhomme de ne pas essayer de savoir qui nous sommes, de ne pas tenter plus longtemps une résistance impossible, et à l’instant vous serez libre. Pourquoi m’appelez-vous de ce nom que j’ai oublié moi-même ? reprit-il avec colère.

— Parce que ce nom est le vôtre consentez-vous à faire le serment qu’on vous demande ?

— Il le faut bien.

— Alors, donnez votre parole.

— Sur ma foi de gentilhomme.

— Relevez-vous, dit doucement la voix.

Fernan ne se fit pas répéter l’invitation, en une seconde il fut debout.

Il s’approcha a tâtons de son lit, prit ses vêtements déposés sur un siège et s’habilla.

Le plus grand silence continuait à régner dans la chambre.

— Maintenant que vous êtes vêtu, dit la voix qui seule avait parlé jusqu’à ce moment, replacez-vous sur votre lit et ne bougez pas, il y va de votre vie.

— Mais qui êtes-vous ?

— Que vous importe ? obéissez !

— Pas avant de savoir qui vous êtes, au nom du diable !

— Des amis.

— Hum ! des amis qui ont de singulières façons.

— Ne jugez pas témérairement ce que vous ne pouvez comprendre.

— Allons, soit ! fit-il, je ne suis pas fâché, après tout, de savoir a quoi m’en tenir sur tout cela.

— Bien ! vous êtes brave.

— Le beau miracle ! au rude métier que je fais, grommela-t-il.