— Certes.
— Et vous les avez reconnus ?
— Pardieu ! c’est don Jésus Ordoñez et don Pablo Sandoval !
— Oui, vous avez bien va, ce sont eux, en effet.
— Que vont-ils faire aujourd’hui à Panama, et pourquoi se hâtent-ils si fort ?
— C’est ce que nous saurons ce soir.
— Mais ils ne devaient partir que demain.
— Cette nuit sans doute, don Jésus retournera a l’hacienda don Jésus possède les meilleurs chevaux de la colonie ; des barbes qui font vingt lieues sans mouiller un poil de leur robe.
— C’est étrange ! murmura le jeune homme.
— N’est-ce pas ?
— Comment découvrir les motifs ?.
— C’est mon affaire, interrompit le guide, nous arriverons a Panama deux heures au moins avant eux.
— Vous en êtes sûr ?
— J’en réponds ; êtes-vous hombre de caballo ?
— Oui, je monte à cheval comme un ginete.
— Bien, et votre compagnon ?
— De même.
— Alors, tout va bien à cheval, tout de suite !
— M’y voici, dit-il en se mettant d’un bond en croupe du jeune homme qui loi céda la bride ; maintenant, sonores, tenez-vous bien, car vous allez faire une course comme vous n’en avez jamais fait, et passer par des chemins ou toute chute est mortelle. Vous voulez arriver, n’est-ce pas ?
— Oui, à tout prix ; mais vos chevaux ?
— Vous allez juger de ce dont ils sont capables. Y êtes-vous ?
— Oui ! répondirent les deux aventuriers.
Le guide siffla doucement : les deux chevaux, comme s’ils eussent reçu une commotion électrique, tressaillirent, couchèrent les oreilles, et, tout à coup, ils détalèrent avec une rapidité telle que les cavaliers, courbés sur le cou de leurs montures, sentaient l’air leur manquer ; parfois il leur semblait respirer du feu.
Décrire une tette course est impossible ; rien n’en saurait donner l’idée ; le cavalier fantôme de la ballade allemande, dont le cheval-spectre dévorait l’espace, allait certes moins rapidement.
Les chevaux bondissaient comme des démons à travers les obstacles sans