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Page:Aimard - Le forestier.djvu/148

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Le Forestier

— Bon. une misère ! voici une traite de cent mille, sur la maison Olibarietta.

— La première et par conséquent la plus riche de Panama.

— Vous m’encaisserez demain, et vous agirez ?

— Immédiatement.

— Quel sera notre rôle dans tout cela ?

— Je l’ignore encore, cela dépendra des circonstances.

— Très bien c’est convenu alors.

— Parfaitement.

— Où les cacherons-nous ?

— Ici même.

— C’est juste ; de cette façon, nous les aurons sous la main lorsque le moment viendra d’agir.

— Nous n’avons pas de temps à perdre, observa Miguet, notre tâche est rude ; il faut que le 28 mars le signal soit donné à l’escadre un mois pour dresser nos batteries, ce n’est pas trop.

— C’est suffisant, avec de l’intelligence et du courage, dit Laurent.

— Ni l’un ni l’autre ne vous manquent pas, capitaine, dit galamment le guide.

— Mais qui donnera le signal à l’escadre ?

— Moi, si vous voulez ? répondit José.

— Nous verrons, reprit Laurent ; avant tout il faut nous assurer de l’hacienda del Rayo, la position est importante.

— Et bien défendue ; elle est imprenable, ajouta Michel.

— Avez-vous des intelligences dans la place, José ?

— Fort peu, capitaine, je ne suis qu’un pauvre Indien.

— Bah ! vous me faites l’effet d’un roi, dit gaiement Michel, roi sans couronne, bien entendu.

L’Indien sourit, mais il ne répondit pas.

— Je tiens a cette hacienda, reprit Laurent, et dussé-je l’enlever l’épée au poing, elle sera à moi.

— Nous aviserons, frère, quand le moment sera venu ; depuis que nous sommes en ce pays, il nous arrive tant de choses extraordinaires et surtout avantageuses pour nos projets, que je ne suis pas éloigné de croire qu’une bonne fée nous ouvrira les portes de l’hacienda que nous convoitons, lorsque nous voudrons nous en rendre maîtres.

Ce fut alors au tour du capitaine Laurent à sourire, mais il ne jugea pas à propos d’insister sur ce sujet.