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Page:Aimard - Le forestier.djvu/147

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Le Forestier

— Avez-vous entendu parler de la prise de nos amis, José ?

— Oui, capitaine, répondit le guide ; nous ne craignons pas d’être entendus, je puis donc parler ainsi que je le fais.

— Parlez comme vous voudrez, mon brave, pourvu que vous nous disiez des choses agréables, fit Michel, moi aussi, cordieu ! je suis capitaine.

— Je le sais, reprit le guide, votre réputation est assez bien établie pour que personne ne l’ignore.

— Merci ! vous disiez donc au capitaine Laurent…

— Que j’ai entendu parler de cette capture, et que cette nouvelle m’a affligé.

— Il faut mes sauver ! s’écrièrent tes deux aventuriers d’une seule voix.

— C’est à quoi je songe ; ici tout se fait avec de l’argent ; mais en cette circonstance la situation est grave, critique même ; il s’agit de Frères de la Cote.

— Est-ce possible ? demanda nettement Laurent.

— Tout est possible, répondit aussi nettement le guide.

— Alors cela se fera.

— Oui, mais cela coûtera cher.

— Qu’importe, pourvu que nous réussissions ?

— Avez-vous de l’argent ?

— Le capitaine Laurent sourit avec dédain

— De l’argent ? dit-il, mon ami et moi nous avons des traites à vue sur mes premiers banquiers du pays pour plus de deux millions de piastres.

— Oh ! oh ! tant que cela ?

— Davantage. Vous savez lire ?

— Oui, fit le guide en souriant ; cela vous étonne qu’un Indien sache lire ?

— Rien ne m’étonne de votre part, mon brave ; voyez.

Le capitaine retira son portefeuille de sa poche, l’ouvrit et étale devant le guide tes papiers qu’il contenait.

— Celui-ci les examina avec la plus sérieuse attention.

— Ces traites sont excellentes ! dit-il enfin.

— Pardieu !

— Vos amis sont sauvés.

— Vous en répondez ?

— J’en réponds.

— Alors, je suis tranquille ; combien cela nous coûtera-t-il ?

— Cinquante mille piastres au moins.