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Page:Aimard - Le forestier.djvu/48

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Le Forestier

pendue à son cou par une chaîne d’or, puis il plia le papier en quatre et le remit à don Luis.

— Ne regarde pas, mon cousin, fit-il avec un sourire, tu lui remettras cela toi-même.

— Il va arriver dans un instant.

— Alors tu attendras mon départ avant de lui donner ce papier. Est-ce tout ? N’as-ta rien de plus à me demander ?

— Rien, sire il ne me reste qu’à remercier Votre Majesté des bontés dont elle me comble.

— Et toi, ne fais-tu donc rien pour moi, don Luis ? Plus un mot à ce sujet maintenant, descendons auprès des dames.

— Je suis à vos ordres, sire.

— N’oublie pas, mon cousin, que je conserve encore aujourd’hui mon incognito, que je ne suis et ne veux être que don Felipe.

— J’obéirai, sire.

Les dames, assez inquiètes de ce long entretien dont elles ignoraient les motifs, attendaient avec anxiété qu’il se terminât ce fut avec plaisir qu’elles virent enfin arriver auprès d’elles les deux hommes, la physionomie riante, et causant entre eux de la façon la plus amicale.

Au même instant, le padre Sanchez parut à l’entrée de l’enclos il était fort inquiet, aussi fut-ce avec un indicible sentiment de joie et de reconnaissance envers le ciel qu’il accueillit les assurances de don Luis, qui s’était empressé d’aller à sa rencontre, que tout était terminé de la manière à la fois la plus heureuse et en même temps la plus extraordinaire pour lui ; don Luis ajouta que, plus tard, il lui dirait tout, et que sans doute comme lui, il serait enchanté de ce dénouement imprévu d’une affaire qui menaçait d’avoir de si terribles conséquences.

— Surtout, ajouta-t-il, gardez-vous de reconnaitre le roi il veut aujourd’hui encore conserver le plus strict incognito.

— Je me conformerai aux ordres de Sa Majesté, mon cher don Luis, vous serez content de moi, répondit le prêtre avec un doux et fin sourire.

La journée s’écoula en douces et charmantes causeries.

Vers trois heures, ainsi qu’il en avait l’habitude, le roi prit congé ; don Luis et le père Sanchez l’accompagnèrent jusqu’à l’extrémité de la vallée.

— À bientôt ! dit le roi en leur faisant un dernier signe de la main.

Et il s’éloigna.

Les deux hommes regagnèrent la chaumière à petits pas ; don Luis raconta au prêtre dans les plus grands défaits ce qui s’était passé entre lui et