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Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/202

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LES FRANCS TIREURS

— Procédons à notre toilette, dit gaîment Carméla à l’Oiseau-qui-chante.

Au moment où elles allaient laisser tomber leurs robes, elles entendirent un bruit de pas assez près d’elles, et se retournèrent comme deux biches effarouchées, pensant que Tranquille revenait voir si elles étaient enfin éveillées ; mais deux mots prononcés distinctement leur firent prêter l’oreille et lester palpitantes d’émotion, d’étonnement et de curiosité.

— Mon frère a bien tardé, avait dit la voix qui semblait appartenir à un homme placé à deux ou trois pas des jeunes filles au plus ; depuis deux heures déjà je l’attends.

— By god ! chef, votre observation est parfaitement juste, mais il m’a été impossible de venir plus tôt, répondit immédiatement une autre personne, que son accent fortement prononcé faisait reconnaître pour étrangère.

— Que mon frère parle sans perdre de temps.

— C’est ce que je compte faire.

En ce moment Tranquille entra, les jeunes filles posèrent l’index sur les lèvres pour lui recommander le silence ; le chasseur comprit ce que signifiait ce geste, il s’avança à pas de loup et prêta l’oreille.

— Le Jaguar, reprit le second interlocuteur, désire vivement que, selon la promesse que vous lui avez faîte, vous rejoigniez son armée avec vos guerriers.

— Jusqu’à présent cela m’a été impossible.

— Le Renard-Bleu ! murmura Tranquille.

— Je vous avertis qu’il vous accuse de vouloir lui manquer de parole.