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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/115

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de trois cents ans d’existence ; c’est une des plus vieilles de la ville ; elle a servi de citadelle dans les temps passés ; ses murs sont en granit, ils ont plus de quinze pieds d’épaisseur à pied d’œuvre ; elle est, à mon avis, bourrée de cachettes de toutes sortes, de portes et d’escaliers secrets à n’en plus finir ; seulement, pour les découvrir, il faudrait jeter la maison à bas, et encore qui sait si on réussirait à découvrir quelque chose.

— Ce que vous dit cet homme est vrai, ajouta le juge d’instruction ; il est donc inutile de perdre notre temps à des recherches qui n’aboutiraient pas. Faites appeler le juge de paix ; il posera les scellés, et nous aviserons d’un autre côté.

Une heure plus tard, les scellés furent effectivement posés, et les domestiques payés et renvoyés. Seuls, l’intendant et le concierge furent conservés pour garder l’hôtel et veiller sur les scellés.

Quand la justice met le nez dans une affaire, elle ne se décourage jamais ; c’est surtout lorsqu’elle semble oublier ou s’endormir qu’elle est le plus redoutable.

Dans cette affaire, elle procéda avec une adresse et un tact admirables ; ses recherches embrassèrent tout le département ; un des chefs de la police de sûreté de Paris, homme d’une habileté extraordinaire fut envoyé tout exprès à Saint-Jean-de-Luz, où, sans être connu de personne, il procéda, tout seul, à une enquête secrète qui dura un mois.

— Eh bien, lui demanda le juge d’instruction, la première fois que cet homme se présenta à lui son enquête terminée, que pensez-vous de cette affaire ?

— Je pense d’abord, dit-il, que la marquise est morte.

— Morte ?

— Oui, assassinée.

— Par qui ?

— Je vous répondrais par son mari, si celui-ci n’avait pas un alibi, parfaitement constaté, trop constaté même à mon avis.

— Oh ! oh ! prenez garde, le marquis de Garmandia