Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/136

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— Felitz de Oyandi ! C’est lui que vous avez soigné, père ? interrompit vivement le jeune homme.

— Lui-même. Il était fort malade.

— De blessures, n’est-ce pas ?

— De blessures, oui. Cette fois, il paraît qu’il a trouvé son maître. Tu le connais donc ?

— Et c’est à lui que vous avez donné des lettres d’introduction ?

— Mais oui… Pourquoi non ?

— Combien de lettres, mon père ?

— Trois : une pour le général Bedeau avec lequel j’ai servi en Afrique ; les deux autres sont : l’une adressée à mon vieil ami Chabert, le député de l’extrême gauche que tu connais, et l’autre pour Pierre Lefranc, auditeur au conseil d’État. Tu vois que j’ai bien fait les choses.

— Trop bien, murmura Julian.

— Hein ? Que veux-tu dire ?

Le jeune homme se frappa le front.

— Quel malheureux hasard ! murmura-t-il.

— Voyons, explique-toi, garçon ; tu m’inquiètes ? Que signifient toutes ces questions que tu m’adresses ? Tu le connais donc, ce Felitz de Oyandi ?

— Si je le connais ! C’est moi qui lui ai fait les blessures dont vous l’avez guéri.

— Que me dis-tu là ?

— La vérité, père.

— Tu t’es battu avec lui !

— Il m’a provoqué.

— Mais, malheureux, il est trois ou quatre fois plus vigoureux que toi ! Cet homme est un hercule !

— Vous avez dit le mot, père, c’est un hercule, répondit le jeune homme en souriant ; et, comme hercule, il ne connaît que la force brutale.

— Ce qui veut dire ?

— Vous rappelez-vous la dernière recommandation que vous m’avez faite, il y a cinq ans, lorsque, après m’avoir conduit à Paris pour commencer mes études médicales,