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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/167

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— Merci, dit le docteur, en essuyant une larme ; merci, Bernardo, j’accepte pour mon fils.

— Merci, c’est convenu, mon Bernardo, dit affectueusement Julian.

— Voici le déjeuner terminé, je vais tout préparer. Au revoir, et à ce soir à dix heures, au val de la Cabra, docteur. Bon espoir, nous reviendrons bientôt, et alors gare à Felitz Oyandi !

Il se leva, serra les deux mains tendue vers lui et se retira.

— Je vais écrire une lettre que Moucharaby portera à Bayonne, afin que tout soit prêt cette nuit pour recevoir Denisà, quand nous arriverons, dit le docteur, en se levant. Cela fait, je me rendrai tout droit à Louberria, chez les Mendiri. Je veux arranger leur affaire et avoir le cœur net de ce qui s’est passé.

— Tâchez de tout apprendre, père ; il est bon que je sache jusqu’à quel point je dois haïr cet homme.

— Fou ! dit le docteur entre ses dents.

Et il reprit tout haut :

— Toi, tu ne bouges pas d’ici, quoi qu’il arrive, n’est-ce pas ?

— Vous avez ma parole, père. D’ailleurs, ne dois-je pas veiller sur Denisà ?

— C’est vrai ; la chère enfant me répond de toi. Je pars tranquille, dit-il en souriant ; ne t’impatientes pas ; mon absence ne sera pas longue… À bientôt…

Le docteur sortit.

Le jeune homme se retira tout triste et tout pensif dans sa chambre.

Combien, en moins de deux heures, sa situation était changée !…

Comme il avait fallu peu de temps pour le précipiter du haut de son bonheur dans un abîme de douleurs !…

Le matin, il s’était levé, gai, joyeux comme à l’ordinaire ; tout lui souriait.

Aimé d’une jeune fille chaste et délicieusement belle