Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/197

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Les deux jeunes gens furent conduits devant le conseil de guerre réuni pour les juger.

En pénétrant dans la salle, tous deux tressaillirent et échangèrent un regard d’une expression terrible.

Ils avaient reconnu dans le prétoire un homme qui essayait de se dissimuler, tant bien que mal, derrière les huissiers et deux ou trois avocats.

Cet homme était Felitz Oyandi !

Dès ce moment, ils ne conservèrent plus aucun doute ; ils se sentaient condamnés.

Ce fut un étrange procès que celui de ces deux hommes.

Le souvenir en est resté vivant à M… dans toutes les mémoires.

Si nous-mêmes nous n’écrivions pas avec les preuves devant nos yeux, nous n’oserions pas y croire.

Mais, hélas ! en temps de guerre civile, lorsque les passions surexcitées sont, pour ainsi dire, chauffées à blanc, les hommes, même les plus forts, perdent le sens moral et jusqu’au sentiment exact du bien et du mal.

On agit comme malgré soi, poussé par une fatalité étrange et implacable.

Aucune charge ne pesait sur les deux prévenus ; personne ne déposait contre eux : quatre témoins furent entendus.

Ces quatre témoins furent des témoins à décharge.

Il fut établi positivement que personne ne connaissait les deux prévenus à Z… ; qu’ils n’avaient en aucune façon communiqué avec les insurgés ; que, rencontrés voyageant sur la grande route par une colonne insurrectionnelle qui se rendait à Z…, on avait saisi leurs chevaux à la bride et contraint les deux hommes à marcher avec la colonne, pour les empêcher de donner l’alarme dans la ville et prévenir les autorités.

Il fut établi également que, aussitôt après leur arrivée à Z…, les deux jeunes gens s’étaient séparés des insurgés, et s’étaient réfugiés dans une auberge dont ils n’étaient plus sortis, et où ils n’avaient reçu aucune visite, pendant