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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/198

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tout le temps que la ville était demeurée au pouvoir des républicains.

Interrogés par le président du conseil de guerre, les prévenus ne firent aucune difficulté de répondre.

Julian expliqua clairement et avec franchise pourquoi il avait quitté Louberria, avec l’intention de se rendre à V…, où il avait des parents, auprès desquels il se proposait de passer quelques semaines.

Il termina en disant que cette visite à ses parents avait surtout pour but de les inviter à son mariage, qui devait être célébré au mois de mai prochain a Louberria, où lui et sa fiancée étaient domiciliés.

Le commissaire du gouvernement essaya d’établir que Julian et Bernardo étaient affiliés à la société secrète nommée : la Montagne, fort répandue dans certains départements du Midi et particulièrement dans celui de H…, où elle comptait un grand nombre d’adeptes.

Mais il ne put parvenir à établir la culpabilité des deux jeunes gens et leur affiliation directe à cette association secrète.

L’accusation parut même si absurde aux juges les plus mal disposés, qu’elle tomba d’elle-même, fut abandonnée et enterrée sous le ridicule.

Le verdict fut enfin prononcé.

Voici l’étrange jugement qui fut rendu :

Les deux prévenus, reconnus innocents de toute participation à la rébellion, furent acquittés sur ce chef ; mais, considérant qu’ils avaient été arrêtés fuyant dans la campagne, ayant en leur possession des sommes considérables, dont ils justifiaient bien être les propriétaires, mais sans établir légalement dans quel but ils s’en étaient munis et à quel emploi ils les destinaient, puisque, n’exerçant aucun commerce, ils n’avaient rien à acheter avec ces sommes ou aucun compte à régler ; le conseil de guerre, voyant en ce fait des intentions mystérieuses et sans doute blâmables, dans un moment où il régnait une si grande effervescence dans les populations