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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/220

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— C’est ce qui a failli arriver. Cœur-Sombre n’y songeait pas. C’est moi qui lui ai dit : Si nous faisions une visite à Laframboise ? Cœur-Sombre m’a répondu oui. Et voilà.

— Eh bien, vous pouvez vous flatter, Main-de-Fer, d’avoir eu là une fameuse idée ; sans vous, mon pauvre gars et ma petite Nanette n’auraient peut-être jamais guéri ; aussi voyez-vous cette idée de petite fille d’aller seule courir la forêt quand elle est pleine de coyotes.

— Sa morsure n’est pas dangereuse, dit Cœur-Sombre, quant à celle de Jérôme, dans deux jours il n’y pensera plus.

— Grâce à vous, dit le Canadien avec sensibilité, c’est une bénédiction dans une maison, quand vous y entrez.

— Le beau mérite, dit Cœur-Sombre, en haussant les épaules, d’avoir pansé deux égratignures.

— Il est possible que ces blessures ne soient pas dangereuses, et cela doit être puisque vous le dites, Cœur-Sombre ; mais comptez-vous pour rien l’inquiétude et l’angoisse d’un père et d’une mère, seuls et sans secours au milieu d’un désert ? D’un mot, vous nous avez sauvés du désespoir.

— Allons, n’en parlons plus, mon ami, je suis heureux de vous avoir rendu ce service ; à votre santé ! Quoi de nouveau de ce côté des Rocheuses ?

— C’est vrai, ajouta Main-de-Fer, il y a si longtemps que nous sommes absents que nous ne savons plus rien.

— On parle de mettre définitivement les Mormons à la raison.

— Qui cela, les Indiens ? dit Main-de-Fer avec ironie.

— Non, le président des États-Unis.

— Oh ! oh ! ceci est grave, reprit Main-de-Fer.

Cœur-Sombre réfléchissait sans paraître écouter.

— Très grave, reprit Laframboise ; aussi, d’après ce que j’ai entendu dire, les Mormons se remuent beaucoup.

— Songeraient-ils donc à résister !

— Certes ; ils s’arment et s’approvisionnent.