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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/297

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se trouvait assez riche, et qu’il voulait renoncer aux affaires.

Don Pablo était parti depuis six semaines à peu près, lorsque, une nuit, l’enfant fut réveillée en sursaut par sa mère.

Une grande lueur pénétrait dans la chambre et éclairait tout en rouge.

La maison brûlait sans qu’il fût possible d’arrêter les progrès de l’incendie.

Au dehors, une foule d’hommes, ou plutôt de démons, bondissaient autour de la maison en poussant des hurlements sauvages, et tirant des coups de fusil et de revolver.

Dona Luz avait emporté son enfant dans ses bras et traversé, d’une course furieuse, tout le jardin jusqu’à une porte dérobée qui était ouverte et près de laquelle un cheval tout harnaché était attaché.

La solitude était complète.

Dona Luz embrassa l’enfant, lui ordonna de l’attendre et retourna en courant vers la maison.

Elle fit ainsi plusieurs voyages.

Chaque fois elle apportait quelque chose qu’elle jetait dans les fontes.

La dernière fois, elle apporta une valise et des alforjas, très gonflées de toutes sortes de vivres.

Elle attacha le tout sur le cheval, puis elle se mit vivement en selle, en serrant sa fille sur son sein haletant, et lui disant à voix basse :

— Ne crie pas, ne pleure pas, Vanda ! on nous cherche, on veut nous tuer !

Bien que l’enfant ne comprît pas toute la portée de ce mot, elle eut peur et se mit à trembler.

— Où allons-nous ? demanda-t-elle à sa mère.

— Rejoindre papa, répondit dona Luz.

Elle partit à fond de train.

Plusieurs coups de feu furent tirés sur les fugitives, mais rien ne put arrêter l’élan terrible de leur course.

Au jour, elles firent halte en plein désert.