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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/346

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cette contrée appartenait anciennement au Mexique, et se nomme l’Arizona.

— Êtes-vous allé à la FIorida ?

— Jamais. J’ai aperçu de loin l’hacienda ; elle paraît fort belle. D’ailleurs, ses dépendances sont immenses ; elles ont presque autant d’étendue qu’un département de la France. On y fait en grand l’élevage des chevaux et du gros bétail. La Florida est, je crois, la propriété de don Cristoval de Cardenas, qui descend, dit-on, des anciens Incas du Mexique, et serait ainsi de race royale. Il est actuellement alcade mayor de Tubac.

— Vous le connaissez donc ?

— Fort peu. J’ai reçu une fois, à Tubac, l’hospitalité chez lui, pendant vingt-quatre heures. Il y a environ deux mois, le hasard nous mit en présence dans les Montagnes-Rocheuses, chez un aubergiste où je me trouvais. J’eus alors l’occasion de lui rendre un léger service.

— Rapporte donc les choses comme elles sont ! s’écria vivement Main-de-Fer, et s’adressant avec animation à la comtesse : Madame, continua-t-il, le léger service dont parle mon ami est tout simplement celui-ci : il a sauvé la vie à don Cristoval de Cardenas, à dona Lucia, sa femme et à ses deux enfants, que ce brigand de Mayor avait traîtreusement enlevés, et qu’il se préparait à torturer pour le contraindre à lui livrer le secret de certain trésor que, dit-on, il possède, et que le Mayor, qui depuis longtemps le convoite, prétendait bel et bien s’approprier par ces odieux moyens.

— Il serait vrai ! s’écria la comtesse avec une surprise ressemblant beaucoup à de l’admiration.

— Mon ami exagère, répondit le Cœur-Sombre avec un fin sourire ; son amitié pour moi l’aveugle en ce moment, comme toujours.

Main-de-Fer haussa les épaules.

Il ouvrit la bouche comme s’il eût voulu répondre, mais il se ravisa et ne souffla pas mot.

La comtesse de Valenfleurs était soudainement devenue songeuse.