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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/392

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diquée sur les cartes, conserve encore aujourd’hui l’aspect sauvage et primitif qu’elle devait avoir avant la conquête espagnole.

Seuls quelques sentiers de bêtes fauves ou de coureurs des bois la sillonnent de loin en loin.

Il est très difficile d’y pénétrer, et, quand on a réussi à y prendre pied, de s’y diriger avec certitude, à moins d’être chasseur, Indien ou habitant de l’un des villages dont nous avons parlé plus haut.

Entre San Xavier et Tubac, à distance à peu près égale de ces deux villes, se trouve une magnifique cascade, tombant en une nappe de dix mètres de large, d’une hauteur de quarante-cinq mètres, sur un large rocher grisâtre, formant plate-forme, et de là rebondissant avec un fracas étourdissant au fond d’une étroite vallée.

Là ses eaux forment un ruisseau capricieux et rapide qui s’enfuit en jurant sous le couvert des chênes séculaires, où il disparaît bientôt pour reparaître quelques lieues plus loin, grossi par quelques affluents et prenant déjà des allures de rivière.

Or, cette cascade se précipite sur un plan incliné du haut de la montagne.

La masse d’eau forme sur le rocher où elle tombe d’abord un impénétrable rideau.

Derrière ce rideau se cache l’entrée d’une immense excavation naturelle, divisée en plusieurs compartiments qui s’étendent sous la Sierra, et, par de longs souterrains, débouchent dans différentes directions, à de très grandes distances.

La découverte de cette grotte est due à un hasard singulier.

Voici le fait en deux mots :

Un jour, un aventurier lancé à la poursuite d’un ours gigantesque avait vu, à sa grande surprise, l’animal disparaître subitement au milieu de la nappe de la cascade.

Le chasseur avait supposé d’abord que l’animal s’était étourdiment lancé dans ces eaux bouillonnantes, et qu’en-