Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/393

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

traîné par elles, il allait être rejeté sur ! e rocher et tomberait brisé dans le vallon. Il s’embusqua, et attendit, résolu à essayer de s’emparer du corps de l’animal dès qu’il reparaîtrait.

Mais l’attente du chasseur fut trompée.

Une demi-heure s’écoula sans que l’ours reparût.

Cela donna fort à réfléchir à l’aventurier.

Cependant, il attendit encore pendant plus d’une heure.

Connaissant les habitudes des ours, sachant combien ils sont prudents et circonspects, il soupçonna que la disparition subite de son fauve gibier cachait quelque mystère qu’il lui importait de connaître.

L’aventurier était un homme de résolution : il n’hésita pas à se lancer à son tour à travers la nappe d’eau.

Alors, à sa grande surprise, il reconnut qu’entre les parois de la montagne et la cascade, il y avait un espace libre de plus de trois mètres, au milieu duquel s’ouvrait la gueule béante d’une caverne.

Il y pénétra et s’enfonça résolument dans l’intérieur de cette excavation naturelle, qu’il parcourut dans tous les sens.

S’obstinant pendant plusieurs heures à chercher son ours, il ne le retrouva pas.

Mais il découvrit plusieurs sorties, dont l’une avait sans doute facilité la fuite de l’animal.

L’aventurier, pour certaines raisons que le lecteur saura bientôt, était précisément à la recherche d’une retraite inaccessible, et surtout inconnue.

Il avait été servi à souhait par le hasard.

Quelques jours plus tard, après s’être assuré que tous les habitants de la sierra et les Indiens eux-mêmes, ces adroits fureteurs, ignoraient l’existence de cette grotte, il s’y installa définitivement et en fit sa demeure habituelle, ayant grand soin d’entrer et de sortir tantôt d’un côté tantôt de l’autre, afin de ne pas éveiller les soupçons.

Depuis plusieurs années déjà, l’aventurier avait fait de cette grotte sa forteresse principale, au moment où les exigences de notre récit nous contraignent à y pénétrer.