Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/395

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelques outres gonflées étaient empilées dans un coin.

Dans une excavation naturelle, plusieurs tonnelets de poudre étaient engerbés, les uns sur les autres, maintenus par de lourds saumons de plomb.

Çà et là sur le sol traînaient des vêtements, des poignards, des machettes, mêlés à des cartes, des dés et des gobelets en cuir, en corne ou en fer-blanc.

Le milieu de la grotte était occupé par une grande table massive, dont les pieds étaient solidement scellés dans le sol.

Cette table était chargée de reliefs de toutes sortes, de batas de vin et de liqueurs.

Le tout était éclairé par de longs flambeaux en fer blanc, fixés sur la table et supportant de longs cierges en suif jaune.

Un peu à droite et en avant de la table, un grand feu brûlait pour chasser l’humidité et entretenir la chaleur.

Quatre ou cinq hommes, roulés dans leurs zarapés, dormaient étendus autour du feu.

De chaque côté de la table, deux hommes achevaient de manger et de boire de bon appétit, tout en causant entre eux à voix basse, avec une certaine animation.

Ils étaient assis sur de magnifiques fauteuils en chêne sculpté recouverts de cuir gaufré et doré de Cordoue.

D’autres sièges semblables, des bahuts et beaucoup d’autres meubles de prix étaient placés au hasard dans différentes parties de la grotte.

À chaque mouvement des flammes du feu, tourmentées par le vent, des ombres fantastiques dansaient sur les parois de la grotte.

En un mot, c’était une de ces haltes de bandits comme les peignait si magnifiquement Salvator Rosa, et les burinait si admirablement Callot.

Les deux causeurs, car leur repas était à peu près terminé, ressortaient en vigueur sur le clair obscur de la grotte, la lueur du feu les frappant en plein visage.

Ils buvaient à petits coups du refino de Cataluna, tout en bourrant d’excellent tabac leurs calumet indiens.