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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris.djvu/83

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surveiller et de contrôler mes démarches les plus innocentes, peut-être par l’ordre de mon mari, car la plupart sont certainement les espions. Mais ce n’est pas tout ; en supposant que je réussisse à m’évader, sans être aperçue, de l’espèce de prison dans laquelle je suis retenue, comment parviendrai-je à quitter la ville, sans que l’on sache quelle direction je prendrai ? Vous le voyez, mon bon docteur, mon anxiété est grande, puisque par la position dans laquelle mon mari m’a placée, je ne puis ni rester ici, ni trouver ailleurs un refuge assuré.

— N’avez-vous donc personne, parmi tous vos gens, à qui vous puissiez vous fier, madame ?

— Personne, excepté ma femme de chambre, cette jeune fille qui vous a annoncé. Elle est ma sœur de lait, a été élevée près de moi, et ne m’a jamais quittée. Son dévouement m’est acquis ; elle me sera une amie et une consolation dans l’existence retirée que je me propose de mener ; mais elle est incapable de préparer ma fuite, non pas par défaut d’intelligence, mais par ignorance. Je suis donc réduite à mes propres forces, et elles sont nulles, mon cher docteur.

— Cette absence de confidents est plutôt est un avantage qu’un désavantage, madame ; on peut être trahi par les confidents les plus dévoués, il suffit d’un mot, d’un geste imprudent souvent, pour révéler les choses que l’on croit ainsi mieux dissimuler, et amener, par excès de zèle, d’irréparables malheurs ; croyez-moi donc, madame, gardez votre secret ; n’ayez d’autre complice que vous-même.

— En effet, cela est préférable, mais comment faire ?

— C’est ce dont nous allons convenir ensemble, madame ; ainsi, par exemple, je crois qu’au lieu de chercher bien loin le moyen de sortir sans être aperçue, vous devriez tout simplement user de celui que votre mari vous a indiqué lui-même ?

— M’évader par la porte secrète et l’excavation du bord de l’eau ?

— Oui, madame ; voici pourquoi : votre mari vous