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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/111

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par suite, il obtenait des résultats imprévus et véritablement extraordinaires.

Lorsque sa troupe, considérablement augmentée, lui avait paru assez forte pour commencer ses opérations préliminaires, il avait quitté le souterrain de la cascade dont il avait fait son quartier général ; il était venu s’établir à la fourche du Rio Gila et du Rio Puerco, dans un camp retranché, de dimensions considérables, entouré d’épaulements en terre et d’abatis de bois.

À en juger par les nombreux feux de bivouac allumés de distance en distance, et les sentinelles chargées de garder les retranchements, ce camp devait renfermer une troupe importante de bandits.

Sur une légère éminence, située à peu près au milieu du camp, le Mayor avait fait construire un jacal en branchages.

C’était là qu’il avait fait sa demeure.

Du haut de cette éminence, il dominait la campagne à la ronde, et rien ne lui échappait de ce qui se passait dans la savane.

Le jour où nous le retrouvons, vers sept heures du soir, le Mayor, retiré dans son jacal comme un tigre dans son antre, était en proie à une de ces colères froides qui le rendaient si redoutable, même pour ses plus intimes affiliés, que personne n’osait l’approcher.

Il marchait d’un pas saccadé dans le jacal, se livrant à un monologue furieux, ne s’interrompant par instants que pour frapper du pied avec rage, lancer quelque blasphème, ou braquer sa longue-vue de nuit sur la savane, plongée dans les ténèbres.

Au reste cette colère furieuse était amplement justifiée.

Depuis son établissement à la fourche du Gila, tous ses efforts avaient tendu et tous ses regards s’étaient opiniâtrement fixés sur l’hacienda de la Florida, qui naturellement était son seul objectif.

Il lui importait surtout de savoir ce qui se passait derrière les murs de l’hacienda, de quelles forces dispo-