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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/168

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Julian écouta ce récit avec la plus grande attention et sans interrompre une seule fois l’aventurier.

Ce ne fut seulement que lorsque celui-ci eût terminé, que Julian prit la parole.

— Je savais déjà par la Main-Ferme, dit-il, une partie des événements que vous m’avez racontés. Cet homme est perdu ; rien ne pourra le sauver. Je vous remercie sincèrement des renseignements précieux que vous me donnez ; j’en ferai mon profit. Tout est prêt pour recevoir les bandits comme ils le méritent ; je tiendrai mes promesses comme vous avez tenu les vôtres.

— Comment pourrai-je pénétrer dans l’hacienda ?

— De la façon la plus simple : au lieu d’un chapeau de poil de vigogne, vous porterez un chapeau de paille de panama, sans golilla, et au lieu d’une faja en crêpe de chine bleu, vous en aurez une en crêpe de chine rouge. Cela vous est-il possible ?

— Très bien, répondit Navaja.

— À l’attaque de la Rancheria, reprit Julian, lorsque nos vaqueros s’élanceront au dehors pour repousser les pirates, vous vous laisserez emporter par votre cheval, et vous vous jetterez dans nos rangs, en criant : Viva Mejico ! Les ordres seront donnés à ce sujet, on vous enveloppera et l’on vous fera prisonnier. Il est bien entendu que dès que vous aurez pénétré dans la Rancheria, vous serez libre. N’oubliez pas mes recommandations.

— Soyez tranquille, monsieur, j’ai trop d’intérêt à me souvenir pour oublier.

— Ainsi, c’est entendu ?

— Oui, monsieur.

— Alors, séparons-nous. Bien que nous soyons gardés par des sentinelles invisibles, il importe qu’on ne soupçonne pas notre entente.

— Vous avez mille fois raison, monsieur. Au revoir, dimanche.

— Au revoir.

Sur ces derniers mots, ils se séparèrent.

Julian retourna directement à l’hacienda.