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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/170

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XXII

DE QUELS SINGULIERS DIVERTISSEMENTS SONT PARFOIS ACCOMPAGNÉS LES MARIAGES SUR LA FRONTIÈRE INDIENNE.


Enfin le jour désiré et si impatiemment attendu par Denizà et Julian d’Hérigoyen, le dimanche fixé pour le mariage des deux fiancés, se leva radieux.

De retour à l’hacienda, après son entrevue avec Navaja, Julian avait fait part à ses amis des renseignements positifs, cette fois, que lui avait donnés l’aventurier.

Cette pensée diabolique du Mayor de faire coïncider l’attaque de l’hacienda avec le mariage de Julian et de Denizà, dévoilant clairement l’espoir, non seulement d’une revanche, mais encore d’une horrible vengeance, en remplissant d’indignation les amis de Julian, avait redoublé leur désir d’en finir cette fois avec les deux bandits qui, depuis si longtemps, s’étaient faits les persécuteurs acharnés du jeune homme.

On convint de mettre à profit les quelques jours qui devaient s’écouler avant l’attaque projetée pour augmenter encore les fortifications de l’hacienda, et établir solidement aux postes qui leur avaient été désignés les hommes dévoués chargés de la défendre.

Julian avait résolu de laisser ignorer à son père et à don Cristoval de Cardenas la date précise choisie par les bandits pour l’exécution de leur surprise de l’hacienda, tout en leur faisant comprendre cependant que cette surprise était imminente.

Ce qui importait surtout, c’était de ne pas effrayer les dames et les nombreux amis de l’haciendero, en suspendant sur leur tête, comme une épée de Damoclès, l’appréhension affreuse d’un horrible combat ; ce qui aurait changé en un jour de deuil et de douleur cette fête si longtemps attendue.