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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/171

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Charbonneau, le mayordomo ño Ignacio, et deux ou trois autres chasseurs, dont la discrétion était bien connue, savaient seuls, avec Julian et Bernardo, toute l’étendue de l’effroyable danger qui planait sur l’hacienda.

Bernardo et Charbonneau, sous le prétexte plausible d’aller battre l’estrade au dehors, afin de s’assurer que tout était tranquille, s’étaient rendus, le premier, au campement des Coureurs des bois, le second à celui des Comanches du Bison-Blanc, afin de les aviser des dernières et définitives mesures arrêtées par le Mayor, et les engager à occuper les points ou ils devaient s’embusquer, afin d’être prêts au premier signal.

Vers deux heures du matin, dans la nuit du samedi au dimanche, don Cristoval de Cardenas, Julian, Charbonneau, ño Ignacio, Bernardo, Jérôme Desrieux, accompagnés d’une septième personne, sous les ordres de laquelle étaient placés une quinzaine de matelots alertes et dévoués, fouillaient les fourrés et les buissons de l’immense parc de la Florida, faisaient les plus minutieuses recherches, s’assuraient que tous les postes étaient occupés, les sentinelles placées aux endroits désignés, et surtout qu’aucune brèche n’avait été pratiquée dans les murs de clôture.

Ce septième personnage, dont nous avons parlé plus haut, était le capitaine Édouard Petit, commandant le trois-mâts français la Belle-Adèle, en ce moment mouillé à Guaymas, près d’Hermosillo en Sonora.

Le capitaine Édouard Petit était jeune encore.

Il avait tout au plus trente-trois à trente-quatre ans ; sa taille un peu au-dessus de la moyenne était bien prise, solidement charpentée, avec une légère propension à engraisser ; il était leste, adroit et marcheur infatigable.

Il était blond avec des yeux bleus, bien ouverts, regardant droit, et pétillant de cette franchise pleine de finesse qui distingue en général tous les capitaines marchands, qui sont, pour la plupart, autant commerçants que marins.

Le front large, le nez légèrement busqué, la bouche belle et souriante d’inépuisable bonne humeur, la mous-