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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/172

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tache blonde, fine, soyeuse, naturellement retroussée, tous ces traits réunis lui complétaient la physionomie la plus sympathique qui se puisse imaginer.

Il cachait sous une apparence un peu féminine une volonté de fer et un cœur de lion, il en avait, du reste, toutes les généreuses ardeurs ; c’était à la fois un ami sûr et un ennemi redoutable.

Appartenant à une des plus anciennes familles de la haute bourgeoisie parisienne, ses opinions franchement républicaines et sa foi inébranlable dans l’avenir lui avaient fait préférer la marine de commerce à celle de l’État.

À aucun prix il n’aurait consenti à servir l’Empire, dont il prévoyait dix ans à l’avance l’effroyable écroulement.

Du reste, ces opinions libérales étaient et sont depuis 1789 celles de la haute bourgeoisie parisienne, la plus intelligente et la plus éclairée qui soit au monde, à quelques très rares exceptions près.

Tel était le capitaine Édouard Petit, sur le compte duquel nous nous sommes étendus avec complaisance, non seulement parce qu’il est encore un de nos meilleurs amis, mais parce que nous aurons bientôt occasion de le retrouver.

Julian lui avait envoyé une invitation au nom de Denizà.

Le capitaine Édouard Petit, flatté de cette attention de son ancienne passagère, s’était mis en route aussitôt, après avoir confié le commandement du navire à son second.

Il était arrivé la veille à l’hacienda, vers dix heures du soir, escorté par vingt vigoureux matelots de son équipage, armés jusqu’aux dents, de fusils, baïonnettes, sabres, haches et revolvers.

Chaque matin, depuis l’arrivée de Julian, l’hacienda avait été minutieusement visitée dans toutes ses parties, surtout depuis qu’elle avait été organisée militairement.

Mais cette nuit-la, cette visite, on le comprend de