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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/174

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D’ailleurs toutes les précautions étaient prises, tous les ordres donnés.

Depuis cinq jours, c’est-à-dire depuis la dernière entrevue de Julian et de Navaja, une tranquillité complète semblait régner dans la savane.

Don Cristoval commençait à espérer, dans son for intérieur, que les bandits, peut-être avertis par leurs espions, et ne disposant pas de forces suffisantes pour assaillir, avec des chances certaines de succès, une hacienda déjà forte par sa position sur une colline aux flancs escarpés, et défendue par des serviteurs nombreux, résolus et dévoués, avaient renoncé à une entreprise qui n’aboutirait pour eux qu’à un désastre ; et que, malgré les craintes de Julian, qu’il considérait comme très exagérées, rien ne viendrait troubler les fêtes du mariage du jeune homme.

Mais Julian s’obstinait dans son idée.

Depuis longtemps il connaissait le Mayor et surtout Felitz Oyandi.

Il savait jusqu’à quel point odieux ils poussaient la scélératesse et la rapacité.

Même en laissant de côté l’implacable haine qu’ils avaient vouée au chasseur, ils étaient encore excités par une soif inextinguible de rapine.

Déjà plusieurs fois ils avaient tenté de s’emparer de ce trésor des Incas, dont les richesses inestimables échauffaient leur imagination et surexcitaient leurs convoitises.

Julian, d’ailleurs convaincu par les renseignements que lui avait donnés Navaja, auquel il croyait avec raison pouvoir accorder une entière confiance, était certain que, malgré leurs précédents échecs, les deux bandits ne renonceraient pas à essayer une nouvelle et décisive tentative, quelles qu’en dussent être les suites pour eux.

Aussi le chasseur redoubla-t-il de vigilance, et sans s’expliquer autrement avec don Cristoval, qui essayait de lui persuader que cet excès de précaution n’était pas nécessaire, et que rien ne le motivait, vu le calme profond