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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/175

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qui régnait aux environs de l’hacienda depuis plus de huit jours, il se contenta de répondre à toutes les observations de l’haciendero, qu’un grand bal aurait lieu cette nuit-là, qu’il fallait à tout prix empêcher que les dames et les jeunes filles actuellement à la Florida, et invitées par lui aux fêtes de son mariage ne fussent effrayées, même par l’apparence d’un danger imaginaire ; qu’il était, lui aussi, convaincu que tout péril immédiat était conjuré, et par conséquent avait disparu ; mais qu’à son avis c’était une raison de plus pour faire bonne garde partout, et prouver ainsi aux dames que leur hôte veillait avec sollicitude à leur sûreté.

Don Cristoval de Cardenas n’avait pas de parti pris ; il reconnut aussitôt la justesse de ce raisonnement du chasseur.

Il le remercia chaleureusement, et il le laissa libre d’agir a sa guise.

C’était tout ce que demandait Julian.

En effet, depuis deux ou trois jours, les invités arrivaient de toutes les haciendas voisines et de toutes les villes de la Sonora et de l’Arizona.

Depuis le samedi matin, les retardataires se pressaient en foule sur tous les sentiers, rayonnant à dix et même quinze lieues à la ronde autour de la Florida.

Les occasions de se divertir sont rares sur la frontière mexicaine.

Elles l’étaient surtout en ce moment à cause de l’occupation française.

Aussi, quand une occasion de prendre du plaisir s’offrait par hasard, on la saisissait avec empressement, tant on éprouvait le besoin de faire trêve pendant quelques jours, ou même quelques heures, à l’existence monotone et essentiellement ennuyeuse que l’on était contraint de passer derrière les tristes murailles des habitations.

Cette fois, un nouvel attrait s’ajoutait au plaisir que chacun se promettait.

Il s’agissait d’un mariage entre Français et Française, contracté selon les coutumes adoptées dans ce pays, cou-