Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cette fois encore : s’il en est ainsi, que le diable, son ami particulier, le caresse ! Cordieu ! il m’a semblé pourtant être bien mort !… Il est vrai que, quant à présent, nous n’avons plus rien à redouter de lui !… Mais, plus tard !… Bah ! je crois, Dieu me pardonne, que je deviens fou !… Il doit être mort !… D’ailleurs, comment aurait-il échappé, surtout blessé comme il l’était ?

Cependant bien qu’il se répétât que le Mayor était mort, il n’en avait pas la certitude.

Le doute persistait malgré lui au fond de son cœur.

Pourtant, précisément à cause de ce doute même et afin de ne pas effrayer l’haciendero, si heureux d’être enfin délivré de son implacable ennemi, Julian résolut de ne rien dire, et de conserver pour lui ses appréhensions à ce sujet.

En arrivant à la cour d’honneur, la première personne contre laquelle il se heurta fut Navaja, qui arrivait de la Rancheria.

— Ah ! c’est vous, cher monsieur, lui dit Julian, en répondant à son salut ; je suis heureux de vous voir, pour vous remercier de la façon loyale dont vous avez tenu vos promesses. Je vous avoue franchement que vous nous avez rendu un immense service ; il est évident pour moi que sans vous, nous aurions succombé, tant les mesures du Mayor étaient bien prises.

— Je vous remercie, monsieur, de la justice que vous me rendez.

— Mais voici le moment de régler nos comptes ; veuillez je vous prie, me suivre dans mon appartement.

— Tout à vos ordres, monsieur.

Ils entrèrent alors dans l’habitation, où tout le monde dormait encore.

Julian introduisit Navaja dans un cabinet de travail faisant partie de son appartement, et après l’avoir invité à s’asseoir, il reprit tout en allumant un cigare :

— C’est probablement le désir de me voir qui vous a engagé à monter d’aussi bonne heure à l’hacienda ?

— Je vous l’avoue, monsieur, répondit Navaja en s’in-