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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/203

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permettez, mon cher hôte, mon ami et moi nous allons changer de vêtements. Nous ressemblons véritablement un peu trop à des bouchers ; nous ne voulons pas plus longtemps effrayer les dames ; nous devons avoir des physionomies atroces.

La fête se continua, insouciante et joyeuse, presque jusqu’au jour, et se termina par un souper splendide.

Julian et Bernardo dansèrent à cœur-joie sans paraître se souvenir des commencements terribles de cette nuit, si pleine de péripéties effrayantes, et qui, grâce à Dieu, se terminait si heureusement.

Au lever du soleil, Julian se dirigea vers la partie du parc où avait eu lieu le combat.

Il voulait s’assurer une fois encore qu’il ne s’était pas trompé, et que le Mayor était bien réellement mort.

Mais déjà les peones, sous la direction du majordome, avaient accompli leur œuvre.

Les cadavres avaient été jetés pêle-mêle dans une énorme tranchée creusée sur le champ de bataille même, et la fosse avait été aussitôt comblée.

En ce moment, les peones étaient déjà en train de reconstruire le pan de muraille renversé par les bandits pendant le combat.

Le mayordomo, interrogé par Julian, ne put lui donner aucun renseignement.

Pressé d’enterrer les morts, il n’avait pas songé à constater l’identité du cadavre du Mayor.

Le chasseur se retira assez mécontent de cette incroyable négligence de la part d’un homme comme le mayordomo.

Cependant il ne laissa pas percer son désappointement ; au contraire, il félicita le mayordomo de la rapidité avec laquelle il faisait disparaître les traces de l’horrible combat de la nuit.

Mais tout en revenant vers l’hacienda, Julian réfléchissait.

— Ce démon a l’âme chevillée dans le corps, murmurait-il tout en marchant ; il est bien capable d’avoir échappé