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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/21

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Et fort satisfait de s’être si bien tiré de son récit, il salua militairement et se rassit.

— Très bien, mon cher Moucharaby, lui dit Julian avec un sourire de bonne humeur ; maintenant vous pouvez aller rejoindre vos camarades et continuer à faire des rondes ; vous vous en acquittez dans la perfection.

L’ancien spahis se leva, tourna les talons et sortit, enchanté de l’effet qu’il croyait avoir produit.

— D’après ce que vient de dire ce brave soldat, reprit Julian en s’adressant à l’aventurier, je crois être certain maintenant que vous n’aviez pas de mauvaises intentions. Mais si véritablement vous désiriez me voir, pourquoi, au lieu d’escalader les murailles, n’êtes-vous pas venu tout simplement par la porte ?

— Parce que je ne voulais pas être vu, cette entrevue devant être secrète pour certaines personnes que je connais.

— Soit. Que me voulez-vous ?

— Je serai franc avec vous, Cœur-Sombre ; je veux vous rendre un service et en même temps vous proposer une affaire.

— Une affaire, à moi ?

— Ou à don Cristoval de Cardenas, ce qui, je le suppose, est à peu près la même chose.

— Parlez ! s’écria vivement don Cristoval.

— Je ne demande pas mieux, répondit l’aventurier en souriant. Mais vous le savez, señor, les affaires sont les affaires ; j’ai une dette de reconnaissance à acquitter envers le Cœur-Sombre, il est vrai, mais cela n’aurait pas suffi à me faire risquer ma vie, car c’est ma tête que je joue si je suis pris, sans le vif désir que j’éprouve de retourner en Europe ; en un mot, j’ai le mal du pays ; c’est absurde, je le sais bien, mais c’est comme cela ; je veux retourner riche dans ma patrie ; et je n’ai encore que des économies insuffisantes ; il me faut une somme ronde ; c’est vous dire que cela vous coûtera cher, mille onces d’or, — environ 85,000 francs en monnaie française — pas un ochavo de moins.