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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/22

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— Je suis riche, répondit l’haciendero ; l’argent n’est rien pour moi. Si cette affaire dont vous parlez en vaut la peine, je doublerai cette somme.

— Tope, est-ce convenu ?

— Oui. Parlez maintenant.

— Vous allez juger de l’importance de l’affaire. Je suis un des lieutenants du Mayor. J’ai reçu l’ordre de venir rôder autour de l’hacienda, en un mot, je suis chargé de vous espionner ; est-ce clair ?

— Très clair, dit Julian en imposant d’un regard silence à l’haciendero ; seulement, ce que vous voulez nous vendre nous le savons aussi bien que vous, et nos mesures sont prises en conséquence.

— Peut-être ? fit-il avec un sourire ironique.

— À votre tour, vous allez en juger : lisez cette lettre !

Et il la lui présenta toute ouverte.

L’aventurier prit la lettre, la lut avec une grande attention, puis la rendant au chasseur :

— Cette lettre ne vous apprend rien, dit-il froidement en haussant les épaules ; elle parle d’une attaque contre l’hacienda de la Florida, qu’on veut piller et brûler, d’une dame que l’on prétend enlever ; mais tout cela vous le saviez depuis longtemps, Cœur-Sombre. Vous avez deux fois mis le Mayor aux abois, vous avez fait de Calaveras, qui était si fier de sa beauté, la risée et presque le jouet de ses camarades ; vous connaissez trop bien ces deux hommes pour ne pas savoir qu’ils essaieront par tous les moyens de se venger de vous, que c’est entre eux et vous un duel à mort. Donc, je le répète, cette lettre ne vous apprend rien que vous ne sachiez déjà.

— Votre raisonnement est spécieux, j’en conviens.

— Il est juste. Moi, je vous propose autre chose.

— Voyons, expliquez-vous nettement.

— Deux mots me suffiront : je m’engage à vous révéler le jour et l’heure de l’attaque ; le nombre exact des aventuriers qui composeront la troupe du Mayor ; les mesures qui seront prises contre vous, et de quelle façon le coup