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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/217

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sans que personne s’en aperçut, n’est-ce pas ? répondit-il avec un fin sourire.

— C’est cela même, mon cher capitaine ; vous m’avez très bien compris : il faut toujours rassurer les dames, et comme, cette fois, la comtesse de Valenfleurs vous fera l’honneur de voyager avec vous, un surcroît de précautions ne saurait nuire.

— C’est vrai, je n’y avais pas songé, s’écria-t-il en riant ; c’est pour le coup que la Belle Adèle manœuvrera carrément, le diable m’emporte si on ne la prendra pas pour un bâtiment de guerre !

— Cela sera d’autant plus facile, répondit Julian en riant, que vous avez deux canons.

— Et six pierriers, mais je les cache soigneusement quand j’arrive au mouillage. Seulement, aussitôt en haute mer, je mets mon artillerie en batterie sur le pont, les sabords fermés bien entendu, et les pierriers bien enveloppés, ainsi que leurs chandeliers, dans leurs chemises de toile goudronnée.

— Allons ! je vois avec plaisir, capitaine, que vous êtes un homme prudent, et que vous connaissez votre métier.

— Je m’en flatte, monsieur. Dois-je considérer comme un ordre ce que vous m’avez fait l’honneur de me dire à propos de l’enrôlement ?

— Certes, capitaine ; et j’ajoute que je compte entièrement sur vous ; d’ailleurs, tout ce que vous ferez sera bien, je l’approuve d’avance.

— S’il en est ainsi, ne vous inquiétez de rien, vous serez content de moi.

Les deux hommes échangèrent encore quelques mots, et ils se séparèrent.

— Hum ! grommela le capitaine entre ses dents lorsque Julian l’eût quitté, il se méfie de quelque coup de Jarnac, c’est sur ; enfin cela ne me regarde pas ; il est le maître puisqu’il paie ; moi je n’ai qu’à obéir.

Un peu avant dix heures du matin, la caravane atteignit le rendez-vous général ; les Coureurs des Bois et les