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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/230

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qui, saisis d’admiration pour un si grand courage, eurent honte de l’abandonner.

La jeune femme, sans frémir à la vue horrible de tant de cadavres amoncelés, rendus hideux par les dernières affres de la mort, chercha, froide et résolue, le corps du Mayor.

Elle l’eut bientôt retrouvé.

Elle le releva froid, immobile, presque exsangue, du monceau de cadavres où il gisait ; aidée par les aventuriers, elle le transporta au prix de fatigues inouïes dans la grotte de la Cascade.

Là, pendant plus d’un mois, le Mayor était resté entre la vie et la mort.

Mais doña Luz, grâce a son dévouement que rien ne rebutait, avait enfin réussi à galvaniser ce cadavre, à le ressusciter pour ainsi dire ; puis quand elle l’avait cru assez fort pour supporter les fatigues du voyage, elle l’avait installé dans une litière qu’elle était parvenue à se procurer, et s’était rendue à Hermosillo, où elle l’avait installé dans sa famille, où tous les soins lui furent donnés.

Ce fut à Hermosillo que le hasard amena une rencontre entre Joan, le matelot déserteur de la Belle-Adèle, et le Mayor.

Joan était un bandit qui avait tout à redouter de la justice française ; il ne s’était enrôlé avec le capitaine E. Petit que pour échapper aux recherches dirigées contre lui, et avec l’intention de déserter dans le premier port de l’Amérique où toucherait le navire.

Dans sa rencontre fortuite avec Sebastian, celui-ci avait été beaucoup plus explicite avec lui qu’il ne l’avait rapporté au Mayor.

Voyant à quel homme il avait affaire, il ne lui avait rien caché.

Il avait été jusqu’à lui donner un signe de reconnaissance pour que, après avoir déserté, il put facilement le retrouver.

Ce fut en se présentant chez le père de doña Luz, qui