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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/231

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était parfaitement au courant des affaires de son gendre, et qui, y trouvant son profit, lui servait à la fois d’espion, de banquier, et même d’embaucheur au besoin, pour lui recruter des hommes comme il lui en fallait, ce qui n’était pas difficile ; ce fut donc en se présentant chez cet honorable banquier que Joan fut mis presque aussitôt en rapport avec le Mayor, arrivé depuis quinze jours déjà à Hermosillo.

Le Mayor, surpris de cette rencontre imprévue, à laquelle il était si loin de s’attendre, attacha immédiatement Joan à son service particulier, ce qui fit grand plaisir au matelot qui crut déjà sa fortune faite.

Mais le blessé ne se remettait qu’avec une lenteur désespérante.

Les médecins à bout de science et ne sachant plus quel remède lui administrer, ne trouvèrent rien de mieux que de lui conseiller de quitter la ville d’Hermosillo, où, prétendirent-ils, l’air était encore trop vif pour ses poumons, dans l’état où ils se trouvaient, et ils lui conseillèrent de se rendre à Sonora, où ils étaient certains qu’il se guérirait promptement.

Doña Luz était partie aussitôt pour Sonore afin de tout préparer pour le recevoir ; et, le lendemain, le Mayor s’était mis en route à son tour dans sa litière.

Ce qui amena l’incident dont nous avons parlé plus haut.

— Regardez, Mayor ! dit le matelot.

La petite troupe passait en ce moment.

Le Mayor regarda.

Tout à coup, son visage rougit jusqu’aux tempes ; les veines de son front se gonflèrent à se rompre ; son regard s’anima et lança des éclairs.

Ses traits prirent subitement une expression de haine implacable.

Il poussa un rugissement de tigre aux abois et retomba en arrière, presque sans connaissance.

Ce cri fut entendu par les voyageurs.

Ils tournèrent machinalement la tête.