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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/237

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pont, dans la dunette, dans des cabines construites tout exprès, afin de laisser la plus grande liberté aux voyageurs.

Tous ces préparatifs avaient été faits à petit bruit, presque secrètement, afin de ne pas donner l’éveil aux curieux ou aux espions qui pourraient venir roder sur la plage et, par surcroît de précautions, l’équipage tout entier, officiers et matelots avaient été sévèrement consigné à bord.

Julian avait écouté avec la plus sérieuse attention le rapport du capitaine ; il n’eut pas une observation à lui faire, ses instructions avaient été admirablement comprises et exécutées avec une rare intelligence.

Le chasseur félicita le capitaine et lui demanda s’il avait mis la main sur son déserteur.

— Non, répondit celui-ci ; mais j’ai eu de ses nouvelles.

— Comment cela ? demanda le chasseur.

— Par hasard, comme toujours. Mon second était venu à Hermosillo, il y a quelques jours, je ne sais pour quelle affaire ; et en même temps pour tâcher, sinon d’arrêter le fugitif, mais tout au moins pour obtenir quelques renseignements sur lui, afin de le faire arrêter si cela était possible. Voici ce qu’il apprit : Joan, le déserteur se nomme Joan, est un Basque des environs de Saint-Jean-de-Luz.

— Ah ! fit Julian, subitement intéressé.

— Oui, répéta le capitaine ; Joan avait rodé pendant quelques jours dans la ville, fréquentant les lieux les plus suspects et buvant dans toutes les pulquerias avec des soldats de son pays, qu’il avait rencontrés je ne sais comment. Bref, il ne faisait rien en apparence et pourtant il avait de l’or plein ses poches. Il avait été, disait-il, recommandé par un de ses pays, matelot déserteur comme lui, mais depuis très longtemps, à un célèbre chef de cuadrilla, qui l’avait pris à service. Malheureusement, dans une rencontre sur laquelle Joan ne voulut donner aucune explication, ce chef avait été si gravement blessé, que le bruit de sa mort s’était répandu ; mais il avait réussi à s’échapper on ne sait comment ; et per-