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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/247

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mée ; de plus, il vous donnera une petite cassette où se trouvent quelques diamants de choix.

» Ceci, mon ami, est un cadeau de doña Luisa à son amie.

» Ne refusez pas pour votre femme, je vous en prie au nom de notre amitié, cette modique fortune, ou je croirai que vous n’avez pas pour moi une amitié égale à celle que j’ai pour vous, et je ne vous reverrai de ma vie, ce qui me causerait un cuisant chagrin.

» Au revoir, mon ami, recevez nos meilleurs compliments de nous tous, et à bientôt !

» Votre obligé et dévoué ami,

 » Cristoval des Cardenas,
 » q. s. m. b.
 » La Florida, 19 juin 186… »

Les quatre lettres placées au-dessous du nom de l’haciendero sont les initiales de quatre mots espagnols qui se mettent toujours au bas des lettres et signifient : Qui baise votre main.

— Que faire ? demanda Julian à sa femme, lorsqu’il eut achevé sa lecture.

— Accepter, mon ami, non pas pour cette fortune dont nous ne nous soucions guère, car nous sommes assez riches pour nous, mais pour ne pas froisser l’amour-propre d’un galant homme dont les richesses sont fabuleuses, tu le sais mieux encore que moi, et qui cherche par tous les moyens a te prouver sa reconnaissance des immenses obligations qu’il a contractées envers toi.

— Tu le veux, Denizà ? reprit l’ancien chasseur avec une visible hésitation.

— Je ne voudrai que ce que tu voudras, mon ami ; mais je crois que ce sera bien, d’autant plus qu’il nous a promis de nous venir surprendre à Paris. Que penserait-il de ce refus, qui l’humilierait ? Cela lui causerait une vive peine et empoisonnerait le plaisir qu’il aurait à nous revoir.