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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/292

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— Nullement ; je suis sérieux, voilà tout. Nous débattons une affaire grave, selon vous ; je la traite comme elle doit être traitée. Voyons, voulez-vous que je vous aide ?

— Que voulez-vous dire ?

— Peut-être il y aura vol, effraction, enlèvement, assassinat et meurtre au besoin ; enfin, le grand jeu, n’est-ce pas ? Vous voyez que je n’hésite pas à vous mettre les points sur les i, cher monsieur Romieux ?

Il y eut un court silence.

Ce cynisme de son interlocuteur si franchement étalé n’effrayait pas l’homme aux lunettes dans le sens que le lecteur pourrait le supposer.

Non, ce cher M. Romieux en avait vu bien d’autres ; seulement, il avait une peur horrible, devant cette franchise brutale du Loupeur, que celui-ci le connût aussi bien qu’il s’en était vanté.

Aussi était-il très perplexe.

Cependant cela n’eut que la durée d’un éclair, et ce fut d’une voix presque ferme qu’il reprit après un instant :

— Eh bien, dit-il, parlant presque bas, comme s’il eût craint d’entendre ses propres paroles, supposez qu’il y a de tout cela, mon maître… et même… un peu plus ! ajouta-t-il d’une voix presque inarticulée ; de combien d’hommes pourriez-vous disposer ?

— De cinq cents hommes, peut-être mille.

— Des hommes à tout faire ?

— Oui, des gaillards que rien n’arrêterait ou ferait seulement hésiter ; mais il est de mon devoir de vous avertir avant tout, mon maître, que cela vous coûtera cher, très cher même.

— Je ne suis qu’un intermédiaire, dit-il entre haut et bas.

— Cela ne me regarde pas. Est-ce vous qui paierez ?

— Oui, vous n’aurez affaire qu’à moi seul.

— Très bien ; mais qui veut la fin veut les moyens.