Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/321

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affectueuse, et des plus cordialement sympathiques de part et d’autre.

Mais le plus joyeux de tous était Dardar, le beau chien du mont Saint-Bernard appartenant au jeune comte ; il courait, aboyait, sautait et caressait tout le monde.

Ce fut à grand’peine que Charbonneau, le brave et dévoué chasseur canadien, dont la comtesse de Valenfleurs n’avait pas voulu se séparer, réussit à le calmer et à lui passer une laisse, afin qu’il ne se perdît pas dans la foule qui encombrait le quai de débarquement.

Lorsque les voyageurs partirent, les valets de pied mirent le chapeau a la main, et ils se placèrent aux portières pour recevoir les ordres.

Julian conduisit don Cristoval et sa famille à leur voiture, et Bernard accompagna madame la comtesse de Valenfleurs à la sienne.

Don Cristoval examina l’attelage en amateur, puis la voiture, puis enfin les gens ; il parut satisfait.

Cependant, un léger nuage assombrissait son visage.

— Voici des serviteurs qui font honneur à leur maître, dit-il ; mais nous aurons malheureusement bien de la peine à nous entendre.

— Bon ! pourquoi cela ? répondit gaiement Julian.

Baya pues, répliqua le Sonorien, tout simplement parce qu’ils parlent le français, et que moi, je ne parle que l’espagnol.

— N’ayez pas de soucis pour cela, cher seigneur, tous vos gens, depuis le premier jusqu’au dernier, parlent l’espagnol ; je les ai fait venir tout exprès de mon pays, situé sur la frontière même de l’Espagne ; soyez donc sans inquiétude à cet égard.

Le visage de l’haciendero s’éclaira subitement.

— Merci, dit-il, en serrant la main de Julian.

Ce mot fut prononcé avec un tel accent de reconnaissance, que Julian se trouva amplement payé de toutes ses peines.

— À six heures et demie sans faute, n’est-ce pas ? dit-il.