Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/328

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

IV

COMMENT ARMAND DE VALENFLEURS ET VANDA S’EXPLIQUÈRENT ET CE QUI S’ENSUIVIT.


Cependant, on était arrivé aux premiers jours de mai, un soleil splendide faisait étinceler les feuilles nouvelles emperlées de rosée.

Un jeudi, vers huit heures du matin, le comte Armand de Valenfleurs et Vanda, sa sœur adoptive, qu’il avait si miraculeusement sauvée dans les savanes sonoriennes, tous deux éclatants de jeunesse et de beauté, montés sur de magnifiques barbes, et suivis à distance par deux domestiques de confiance, également montés, parcouraient au galop de chasse les allées du bois de Boulogne, presque désertes à cette heure matinale, surtout en cette saison encore très peu avancée.

Il galopaient côte à côte, les traits animés par leur course rapide.

Tous deux semblaient songeurs.

Depuis près d’une demi-heure déjà, pas un mot n’avait été échangé entre eux.

Parfois, la jeune fille, à travers le velours de ses longs cils, jetait, en penchant légèrement sa charmante tête, un regard furtif sur son compagnon, de plus en plus préoccupé ; puis elle détournait la tête avec un secret dépit.

Enfin, à bout de patience et n’y pouvant tenir davantage, la jeune fille arrêta brusquement son cheval, qu’elle maniait avec une grâce consommée, et d’une voix légèrement émue :

— Mon frère, dit-elle, retournons-nous ou continuons-nous notre promenade ?

Au son de cette voix mélodieuse frappant son oreille à l’improviste, Armand tressaillit, releva la tête, et, esquissant un sourire :