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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/33

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— Ce n’a pas été de ma faute. Je crois m’être aperçu à certains indices que le Mayor me soupçonne ; vous connaissez sa méfiance. Il m’a fallu redoubler de prudence ; rien ne m’ôtera de l’idée que j’ai été suivi. J’ai, à plusieurs reprises, entendu des bruits inquiétants dans les fourrés ; j’ai même cru, à un certain moment, entendre derrière moi les pas d’un cheval ; ne restons pas ici plus longtemps.

— Vous avez raison ; venez ; mais il importe d’éclaircir cette affaire qui me semble fort grave.

— Elle l’est en effet, si je ne me suis pas trompé.

— Laissez-moi faire ; nous saurons bientôt à quoi nous en tenir.

Les trois hommes entrèrent alors sous le couvert, mais au lieu de s’éloigner ils se cachèrent au milieu d’un buisson de goyaviers sauvages.

— Pas un mot, pas un geste, dit Julian à voix basse. Soyez prêts, mais ne faites rien sans mon ordre.

— Quelle est votre intention ? demanda ño Ignacio à voix basse.

— Si, comme le croit le señor Navaja, il a un espion à ses trousses, cet espion l’aura vu entrer dans le parc ; il voudra savoir ce qu’il fait ici. En conséquence, nous ne tarderons pas à avoir de ses nouvelles. Seulement, soyons prudents.

Les deux hommes firent un geste d’assentiment.

Dix minutes environ s’écoulèrent ; aucun bruit, si léger qu’il fût, ne troublait le silence.

Tout à coup une chouette, sans doute blottie dans un trou de la muraille, s’envola en jetant un cri strident.

Les trois hommes redoublèrent de vigilance.

Tout à coup Julian se pencha vers ses deux compagnons et d’une voix faible comme un souffle :

— Eh bien, que vous avais-je dit ! murmura-t-il. Regardez.

Presque au-dessus de la porte, apparaissait, perdu et comme noyé dans les feuilles d’acanthe qui garnissaient à profusion le faîtage du mur, le sommet d’une tête, dont