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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/32

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L’eau des ruisseaux semble fuir plus joyeusement en babillant sur les cailloux de son lit.

Des bruits presque indistincts et sans causes appréciables se font entendre sous les frondaisons.

Les buissons et les fourrés s’agitent.

Sous la feuillée emperlée de rosée, les oiseaux, frileusement blottis, commencent à pépier.

C’est le jour nouveau qui s’annonce.

Des lueurs rouges empourprent les derniers lointains de l’horizon.

Le soleil va paraître.

Ño Ignacio, n’entendent et n’apercevant rien, imita à deux reprises le cri triste de la hulotte bleue.

Un cri semblable lui répondit aussitôt.

Un bruit de pas se fit entendre dans les halliers et un homme, semblant surgir de terre, apparut soudain à dix pas au plus du mayordomo.

Cet homme demeura un instant immobile et bien en vue, puis il posa la crosse de son fusil à terre, ôta son sombrero, passa deux fois le revers de sa main droite sur son front, et il reprit son immobilité de statue.

Le mayordomo imita le sifflement railleur du serpent fouet, et se reculant en arrière il démasqua complètement la porte.

L’inconnu s’élança. En deux bonds il se trouva dans le parc.

Le mayordomo se hâta de refermer la porte derrière lui.

— Eh bien ? demanda ño Ignacio.

— Puis-je voir le Cœur-Sombre ? j’ai des choses importantes à lui révéler.

— Vous le verrez quand vous voudrez.

— Tout de suite alors, si cela est possible.

— Vous entendez, chasseur, dit le mayordomo en élevant un peu la voix.

— Me voici ! répondit aussitôt Julian, en sortant de derrière l’arbre où jusque-là il était resté embusqué. Soyez le bienvenu, señor Navaja ; vous avez bien tardé.