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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/353

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confiance grandit en amour, plus l’indifférence augmente, ceci est indiscutable.

— Pour vous peut-être, mon charmant avocat ; mais discuter avec une femme c’est, si complètement raison que l’on aie d’ailleurs, se préparer une défaite.

— Voilà ce que vous dites tous, messieurs.

— Parce que cela est vrai, chère fille. Votre sexe, si aimable et si aimé ; possède au plus haut degré la logique de l’illogisme et du paradoxe à outrance, ce qui est chez vous un charme, j’en conviens, mais qui, en bonne synthèse, ne vaut pas le diable, et rend toute discussion suivie impossible, fit-il en riant. Vous autres, femmes, vous êtes essentiellement des êtres de nerfs et de sensations ; vous raisonnez avec des impressions, ne révélant jamais votre pensée véritable, battant les buissons ab hoc et ab hac, afin d’égarer la discussion, de la faire dévier et de l’embrouiller si bien, qu’il soit impossible de revenir à son point de départ, tout en poursuivant opiniâtrement le but secret que vous vous proposez toujours d’atteindre quand même envers et contre tout, ce qui amène des péripéties inattendues, mais tellement extraordinaires et hors de toute logique raisonnable, que vos interlocuteurs, complètement désorientée et surtout agacés, sont, de guerre lasse, contraints de se reconnaître vaincus pour en finir.

— Eh ! eh ! fit Julian en se frottant les mains, que dis-tu, mignonne, de ces coups de boutoir si vertement assénés ?

— Je dis, répondit-elle avec un petit air pincé, que notre bon père plaisante comme toujours, d’une façon charmante, mais que je le trouve beaucoup trop sévère pour notre sexe, si injustement calomnié.

— Pauvres victimes ! dit le docteur d’un air narquois ; et la preuve que j’ai raison, voulez-vous que je vous la donne ?

— Je serai curieuse de la connaître, cher père.

— Rien de plus facile, et surtout de plus simple, chère enfant. Au lieu d’exprimer nettement votre pensée, tout à