Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Je l’ignore ; tout ce que je sais, c’est que Calaveras, qui est un drôle délié comme un fil de soie, lui a affirmé qu’il lui amènerait cent cinquante hommes au moins avant huit jours.

— Oh ! oh ! ceci est grave.

— Oui, surtout si ces hommes sont, comme je le suppose, des déserteurs français, allemands et mexicains, dont le nombre, vous le savez, est déjà si considérable que les autorités françaises et mexicaines commencent à s’en préoccuper sérieusement. Ces déserteurs, pour la plupart, sont des hommes de sac et de corde qui, pour de l’or, feront tout.

— Enfin, nous les verrons à l’œuvre. Quand le Mayor compte-il tenter son coup de main ?

— Dans quinze jours au plus tard ; avant, s’il est en mesure. Mais il ne veut rien laisser au hasard.

— Peu nous importe ! nous sommes prêts à le recevoir quand il se présentera.

Tout à coup, Julian se frappa le front, et, se tournant vers le mayordomo, qui assistait à cet entretien, calme et froid comme toujours :

— Nous avons commis une faute impardonnable pour des hommes au fait des choses du désert, dit-il en désignant le prisonnier : cet homme n’est pas venu à pied, il a caché son cheval sous le couvert de la forêt, à une courte distance probablement de l’endroit où nous sommes.

— En effet, dit le mayordomo. Que faudra-t-il en faire ?

— Vous fouillerez les alforjas, les fontes et la monture, et vous m’apporterez ce que vous aurez trouvé, si vous trouvez quelque chose ; ensuite, vous enlèverez le mors à l’animal, et vous lui rendrez la liberté.

— Peut-être serait-il préférable de nous emparer du cheval, non pas que nous en ayons besoin, grâce à Dieu, nous n’en manquons pas, mais si nous le laissions en liberté, vous connaissez l’instinct infaillible de ces intelligents animaux, le cheval retournerait à son coral toujours courant ; le Mayor serait aussitôt averti. Cette dé-