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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/371

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ne soyons pas reconnus : quel costume porterez-vous !

— Pour demain, aucun autre que celui-ci ; plus tard, nous verrons. Le Mayor ne m’a vu qu’une fois ; je portais toute ma barbe très longue, les cheveux tombant sur les épaules, et j’étais vêtu en coureur des bois. Il y a quatre ans de cela, je n’ai rien à risquer.

— C’est vrai ; ainsi, à demain. Surtout, à moins d’un cas pressant, ne nous voyons jamais ici. Si vous avez à m’écrire, adressez vos lettres boulevard Poissonnière, 88, où je demeure.

— Très bien. Quant à moi, je demeure…

— C’est inutile, je connais votre adresse, monsieur.

— Alors, adieu, et à demain à trois heures, au café du Helder.

Julian prit alors congé. Il alla retrouver sa voiture, qui l’attendait à la place du Théâtre-Français, et il rentra à son hôtel.


VI

DANS LEQUEL LE MAYOR NE VEUT CROIRE NI AUX SORCIERS NI AUX MIRACLES.


Pendant que Julian d’Hérigoyen, fort inquiet de voir une fois encore le bonheur de madame la comtesse de Valenfleurs mis en question, et par conséquent celui de Denizà et le sien menacés, préparait activement son entrée en campagne contre le Mayor — car l’ancien coureur des bois était déterminé à en finir, cette fois, n’importe par quel moyen, avec cet implacable et insaisissable ennemi qui, nouveau et monstrueux Protée, semblait se jouer de lui et prenait toutes les formes pour se dresser constamment railleur et menaçant devant lui — celui-ci, de son côté, ne restait pas oisif, et mettait tout en œuvre pour gagner cette partie, qu’il comprenait, lui aussi, devoir être la dernière.