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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/4

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— L’affaire dont tu veux nous entretenir est donc si grave que tu ne puisses remettre cet entretien à demain ? Julian, je te déclare que je tombe de sommeil et que je suis capable de m’endormir tout net avant cinq minutes sur le moëlleux sopha qui me sert de siège.

— Je n’en crois rien, mon père, répondit Julian, en hochant la tête, car la chose est grave, en effet.

— Ne t’y fie pas, garçon ; mais, voyons, explique-toi en deux mots. De quoi s’agit-il ?

— Qu’il vous suffise de savoir, quant à présent, mon père, qu’il s’agit de vie ou de mort : l’hacienda est menacée.

— Oh ! oh ! s’écria le docteur en se redressant subitement, que me dis-tu donc là ?

— La vérité ; bientôt vous en serez convaincu comme moi.

— Hum ! explique-toi alors sans davantage tergiverser.

— C’est ce que je vais faire avec votre permission, mon père.

Et se tournant vers l’haciendero toujours froid et indifférent, du moins en apparence :

— Senor don Cristoval, êtes-vous sûr de votre mayordomo ? lui demanda-t-il à l’improviste.

— Comme de moi-même, senor, répondit l’haciendero ; le senor Ignacio Torrijos est né dans cette hacienda, il est Indien de race pure ; sa famille est au service de la mienne de père en fils depuis une époque qui remonte plus loin que la conquête du Mexique ; quant à lui personnellement, c’est un homme froid, méthodique, d’une bravoure indiscutable, d’un dévouement à toute épreuve, et doué d’une finesse et d’une sagacité remarquables.

— Malgré l’heure avancée de la nuit vous serait-il possible de le faire venir ? Il serait important qu’il assiatât à notre entretien. Sa connaissance approfondie du désert pourrait, je le crois, nous être fort utile dans la discussion que nous allons entamer.

— Rien de plus facile, senor, dit l’haciendero en se