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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/401

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toujours riant ; je suis prêt à vous laisser aller en paix ; mais, auparavant, il y a une légère formalité à remplir…

— Passage ! interrompit l’autre.

— Je ne demande pas mieux que de vous livrer le passage que vous me demandez, reprit le Mayor sans autrement s’émouvoir ; seulement, ce ne sera que lorsque je saurais qui vous êtes. Quant à ce que vous êtes venu faire ici, je crois le savoir.

— Passage ! dit l’inconnu pour la troisième fois.

— Non ! Quel entêté ! dit le Mayor toujours riant.

— Au diable, alors ! s’écria l’inconnu.

Et il se rua, tête baissée, sur le Mayor.

Le choc fut des plus rudes, mais le bandit s’y attendait, et il le reçut sans broncher, ni reculer d’une semelle.

Il y eut alors entre les deux hommes une lutte acharnée de deux ou trois minutes.

Ils s’étaient saisis corps à corps, leur poitrine haletait, tant leurs efforts étaient désespérés, mais cette lutte était muette.

Ni l’un ni l’autre des deux adversaires ne laissait échapper un mot.

Tout à coup l’inconnu tomba, et un rayon de soleil éclaira son visage.

Le Mayor lâcha prise et recula avec stupeur.

— Sebastian ! s’écria-t-il d’une voix rauque, Sebastian ici !

— Oui, répondit l’ancien matelot avec un ricanement sinistre, Sebastian que tu as fait lâchement assassiner dans le brûlis de la Hulotte-Bleue ! Sebastian sorti de son tombeau pour se venger !

Un poignard brilla dans sa main et s’abattit, rapide comme la foudre, sur le Mayor, qui tomba en poussant un soupir, mais sans jeter un seul cri.

L’assassin, sans plus se préoccuper de sa victime, se précipita vers une des fenêtres, qu’il ouvrit ; les barreaux de fer, sans doute sciés à l’avance, cédèrent à la première secousse et tombèrent au dehors.