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Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/409

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à Cuba, après l’insuccès de notre tentative d’abordage contre la Belle-Adèle, je vous ai proposé de rompre notre association et de vous laisser à Régla. Je vous ai fait comprendre que je me préparais à rentrer à tous risques en France, et à engager contre nos ennemis une partie suprême dans laquelle je n’hésitais pas à mettre ma tête pour enjeu… C’est vous, alors, qui avez insisté pour me suivre, en prétendant que vous étiez autant que moi intéressé dans cette partie. Je ne voulais pas vous emmener ; c’est presque malgré moi que vous m’avez suivi. Tout cela est-il vrai ? Répondez.

— Tout cela est exact, mon ami, je le reconnais.

— Eh bien, maintenant, il n’est plus temps de reculer ; il faut marcher en avant, quand même, à tous risques, quoi qu’il arrive, et cela tout de suite, sans plus de retard, car le terrain brûle sous nos pieds. Notre partie n’est pas perdue encore, tant s’en faut, mais elle est compromise par votre faute ; vos hésitations et votre incroyable mollesse ont donné a nos ennemis le temps de se préparer à la lutte. Si nous ne les attaquons pas, ils nous attaqueront ; prenez-y garde ! Il ne faut pas que cela soit, car cette fois nous serions perdus sans rémission. N’oubliez pas que la défaite pour nous, c’est la mort ; nous en sommes arrivés à ce point, toujours grâce à vos tergiversations, que nous allons combattre littéralement la corde au cou.

— J’ai eu tort, mon ami, je le vois maintenant. Mais vous-même l’avez dit, il n’est pas trop tard encore pour réparer mes torts, et je les réparerai, je vous le jure. Aujourd’hui même, je convoquerai le ban et l’arrière-ban de nos hommes, et j’entrerai immédiatement en campagne. Ma résolution est prise, je n’en changerai pas ; bientôt vous me verrez à l’œuvre.

— À la bonne heure ; je compte sur vous.

— Soyez tranquille, je réparerai le temps perdu.

— J’y compte.

— Nos bandits n’attendent que mes ordres ; ils les recevront ce soir même.