Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/414

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ne sembla pas s’apercevoir de sa présence, et ouvrit un livre de prières crasseux posé devant lui, sur une chaise.

Deux ou trois minutes s’écoulèrent pendant lesquelles les deux hommes ne parurent pas faire attention l’un à l’autre.

Le Mayor retira d’une poche de côté de son habit un élégant bréviaire et murmura à voix basse, comme s’il se fut parlé à lui-même.

— C’est fâcheux, je suis arrivé trop tard, la dernière messe doit être dite depuis longtemps ?

— On peut toujours prier, dit aussitôt son compagnon à demi-voix.

Le Mayor fit un haut-le-corps et feuilleta le bréviaire qu’il tenait.

— Ah ! murmura-t-il, je vais lire les Vêpres.

— Mieux vaudrait Complies, dit l’autre sans tourner la tête.

— Il fait froid ici ? reprit le Mayor.

— Le soleil ne pénètre que difficilement dans les églises, fit l’autre ; mais on peut causer sans crainte d’être entendu.

— Peut-être, mais je ne cause que quand on me montre patte blanche.

— Et moi que lorsque je vois du papier Joseph, dit aussitôt l’homme aux lunettes.

— C’est bien ; je vois que nous nous entendons.

— Et moi aussi.

— Y a-t-il du nouveau ?

— C’est selon ; où est le billet de cinq ?

— En voici un de dix ; mais donnant donnant.

— Soit !… Votre parole que vous ne me tromperez pas ?

— Je vous la donne.

— C’est bien ! Interrogez.

— Y a-t-il du nouveau ? reprit le Mayor en répétant sa phrase.

— Beaucoup.

— Parlez !

— La personne en question est venue ce matin à la