Aller au contenu

Page:Aimard - Les Peaux-Rouges de Paris II.djvu/424

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à la dernière mode, elle partage tous les plaisirs que je donne à ma fille ; de plus, elle a six mille francs d’appointements, sans compter les cadeaux, ce qui, pour une pauvre fille comme elle, est une véritable fortune.

Tout cela était strictement vrai ; seulement madame la comtesse de Valenfleurs oubliait que miss Lucy Gordon avait vingt ans à peine, qu’elle était admirablement belle, et que, à cet âge, et dans de pareilles conditions, on recherche d’autres joies que celles que donne l’argent.

Armand de Valenfleurs, suivant en cela les conseils de sa mère, s’était mêlé au mouvement de la haute vie parisienne.

Il fréquentait les salles d’armes, les écoles de tir, où il faisait l’admiration des prévôts et rendait jaloux les plus adroits tireurs.

Il allait aux courses, s’était fait recevoir dans plusieurs cercles, avait sa place dans la loge infernale, et s’était plus ou moins lié avec ce que Paris comptait de mieux en excentriques.

Mais doué d’un caractère ferme, élevé à la rude école des grands déserts américains, l’expérience lui était venue vite.

Les mièvreries de ce que l’on est convenu d’appeler la haute vie parisienne ne le séduisaient que très médiocrement : si parfois il approchait ses lèvres de la coupe soi-disant enivrante des plaisirs du high-life, il ne faisait qu’y tremper ses lèvres et ne l’épuisait jamais.

D’ailleurs, en dehors de toutes autres considérations sérieuses, l’amour profond qu’il avait au cœur pour Vanda aurait suffi pour le retenir sur la pente scabreuse où tant d’autres trébuchaient et finissaient par sombrer.

Dieu sait pourtant que les occasion ne lui manquaient pas, bien au contraire !

Les tentations l’enveloppaient de toutes parts ; mais toutes ces tentatives répétées faites contre son cœur échouaient misérablement.

Le beau ténébreux, ainsi que le nommaient, entre elles, les coryphées de la haute gomme, ainsi que l’on dirait